A ma famille
Si je devais partir sur une île déserte, et que je ne pouvais emporter qu'une valise, je la remplirais, je le sais, de livres et de livres et de livres.
Mais les livres seraient si lourds... Ils pèseraient bien trop dans ma valise. Alors j'en choisirai un, un seul, un seul livre. Mon livre préféré dans ma valise, pour le lire et le relire et me sentir un peu moins seul.
Mais mon livre prendrait encore de la place, trop de place dans ma valise, minuscule valise qui m'accompagnerait sur cette toute petite île lointaine.
Aussi, plutôt qu'un livre, je ne prendrai qu'un poème, d'une unique page, merveilleux poème qui transforme en beauté toute chose. Rien ne serait si triste sur l'île déserte par la grâce de ce poème.
Et puis, au bout de jours et de jours et de jours, à force de relire le poème émerveilleur, je n'aurais plus besoin de l'avoir sous les yeux, il serait dans mon coeur. Je poserai donc sur la vague ma page, pour que la mer depuis son rivage jusqu'au très grand large, demeure un poème ébloui.
Et dans ma valise, à la place de mon poème, je blottirai le souvenir si fort, si fort, si fort de tous ceux que j'aime.
"Dans ma valise" de François David